Les
contes populaires russes
L'oiselle
de feu et le loup gris
par
Alexandre Nicolaïévitch AFANASSIÈV (1826 - 1871)
Traduction
Lise Gruel-Apert
EN UN
CERTAIN ROYAUME, en un certain État vivait le tsar Vyslav. Il
avait trois fils : le premier s'appelait Dimitri, le second Vassili
et le troisième Ivan. Ce tsar possédait un jardin si
beau qu'il n'en existait pas de semblable. Dans ce jardin
croissaient toutes sortes d'arbres rares, dont certains avec des
fruits ; entre tous ces arbres, le tsar tenait à un pommier
sur lequel poussaient des pommes d'or.
Voici qu'un joue l'oiselle de feu se mit à venir dans le jardin du tsar ; chacune de ses plumes était d'or et ses yeux étaient pareils au cristal d'orient. Chaque nuit, elle venait se poser sur le pommier préféré du tsar pour y arracher une pomme d'or.Le tsar Vyslav en était très affligé. Aussi appela-t-il ses trois fils et il leur dit ceci :
— Mes chers enfants ! Lequel d'entre vous m'attrapera l'oiselle de feu qui vient manger les pommes de mon jardin ? À celui-là je donnerai tout de suite la moitié de mon royaume et à ma mort, l'autre moitié !
Voici qu'un joue l'oiselle de feu se mit à venir dans le jardin du tsar ; chacune de ses plumes était d'or et ses yeux étaient pareils au cristal d'orient. Chaque nuit, elle venait se poser sur le pommier préféré du tsar pour y arracher une pomme d'or.Le tsar Vyslav en était très affligé. Aussi appela-t-il ses trois fils et il leur dit ceci :
— Mes chers enfants ! Lequel d'entre vous m'attrapera l'oiselle de feu qui vient manger les pommes de mon jardin ? À celui-là je donnerai tout de suite la moitié de mon royaume et à ma mort, l'autre moitié !
Alors d'une
seule voix, les tsarévitchs répondirent :
— Sire notre
père ! C'est avec la plus grande joie que nous nous
efforcerons de ramener vivante l'oiselle de feu !
La première
nuit, ce fut le tsarévitch Dimitri qui alla monter la garde.
Il s'assit sous le pommier aux pommes d'or, s'endormit et n'entendit
pas venir l'oiselle de feu, qui picora pommes sur pommes. À
son retour au matin, il déclara à son père :
— Non, père,
elle n'est pas venue cette nuit !
La nuit
suivante, le tsarévitch Vassili se rendit à son tour
dans le jardin. Il s'assit sous sous le pommier et, au bout d'une
heur ou deux, il s'endormit si profondément qu'il n'entendit
rien lui non plus. Au matin, il déclara au tsar :
La troisième nuit venait le tour d'ivan-tsariévitch. Il alla s'asseoir sous le pommier. Le voilà qui veille une heure, deux heures , trois heures ; tout à coup, le jardin s'illumine tout entier comme si de toutes parts mille feux s'étaient allumés : c'était l'oiselle de feu qui venait de se poser sur le
pommier
pour y becqueter les pommes.
Ivan-tsariévitch s'approcha doucement et réussit à la saisir par la queue. Mais, lui échappant, elle s'envola à tire-d'aile et il ne resta en main au jeune homme qu'une plume de sa queue.
Au matin, il attendit le réveil du tsar pour courir lui porter la plume. Elle était si lumineuse qu'elle pouvait éclairer la chambre la plus sombre mieux que ne l'eussent fait une multitude de bougies. Le tsar en fit grand cas et commanda qu'on la mette dans son cabinet particulier. Depuis lors, l'oiselle de feu cessa de venir dans le jardin.
Ivan-tsariévitch s'approcha doucement et réussit à la saisir par la queue. Mais, lui échappant, elle s'envola à tire-d'aile et il ne resta en main au jeune homme qu'une plume de sa queue.
Au matin, il attendit le réveil du tsar pour courir lui porter la plume. Elle était si lumineuse qu'elle pouvait éclairer la chambre la plus sombre mieux que ne l'eussent fait une multitude de bougies. Le tsar en fit grand cas et commanda qu'on la mette dans son cabinet particulier. Depuis lors, l'oiselle de feu cessa de venir dans le jardin.
— Mes chers
enfants ! Partez à la recherche de l'oiselle de feu et
ramenez-là moi vivante! Je donnerai tout ce que j'ai promis à
celui qui le fera !
Les
tsariévitchs Dimitri et Vassili qui en voulaient à leur
benjamin d'avoir su arracher la plume d'or demandèrent à
leur père sa bénédiction et partirent ensemble.
À son tour, Ivan-tsariévitch se mit à prier le
tsar de lui donner sa bénédiction. Mais le tsar lui
répliqua en ces termes :
— Mon cher
fils, tu es encore bien jeune et bien peu aguerri ! Qu'as-tu besoin
de me quitter ? Tes frères sont déjà partis.
Qu'adviendra-t-il si tu t'en vas et que, tous trois, vous ne revenez
de longtemps ? Vois, je suis vieux et bien près de m'ôter
la vie, qui donc me remplacera à la tête du royaume ?
Une révolte peu éclater, l'ennemi attaquer, sait-on
jamais, et qui, alors, prendra la tête des troupes ?
Mais le tsar
eut beau prier, arguer, menacer, Ivan-tsariévitch resta
inflexible. Le tsar lui donna alors sa bénédiction. Le
vaillant gaillard se choisit un cheval et prit la route.
Le chemin
fut-il bref ou long, le temps passa-t-il vite ou non, conter c'est
vite fait, agir c'est bien plus long, toujours est-il qu'il finit par
déboucher dans la vaste plaine, sur la verte prairie. Là
se dressait un poteau sur lequel était écrit : «
Quiconque ira tout droit souffrira la faim et le froid ; quiconque
prendra à droite, restera en vie, mais son cheval sera tué
; quiconque prendra à gauche, sera tué, mais son cheval
restera en vie. » Songeant qu'il pourrait toujours trouver un
autre cheval, Ivan-tsariévtch prit à droite.
Un jour passa, puis deux, puis trois, tout à coup, devant lui surgit un énorme loup gris,qui lui parla ainsi :
Un jour passa, puis deux, puis trois, tout à coup, devant lui surgit un énorme loup gris,qui lui parla ainsi :
— Bonjour à
toi, jeune Ivan-tsariévitch ! Eh bien, tu as lu ce qui était
écrit sur le poteau? Alors, tu sais que tu vas perdre ton
cheval ? Pourquoi donc avoir choisi ce chemin ?
Et, se jetant
sur le cheval, le loup le dévora, puis il disparut.
Ivan-tsariévitch
pleura amèrement, puis il partit à pied. Il chemina un
jour entier et, fatigué, voulut s'asseoir pour se reposer,
lorsque soudain, il fut rattrapé par le loup gris :
— Cela me
fait pitié, Ivan-tsariévitch, dit celui-ci, de te voir
t'épuiser à faire la route à pied. Allez, monte
sur mon dos et dis où tu as besoin d'aller !
Ivan-tsariévitch expliqua qu'il était à la recherche de l'oiselle de feu. Alors, le loup l'emporta sur son dos plus rapidement qu'un cheval et le conduisit jusqu'à un muraille. Il faisait nuit. Le loup dit :
— Descends et
franchis ce mur ! De l'autre côté s'étend un
jardin. Dans ce jardin tu verras l'oiselle de feu enfermée
dans sa cage d'or. Prends l'oiselle, mais surtout, ne touche pas à
la cage ! Sinon, tu ne ressortirais pas vivant du jardin !
Ivan-tsariévitch
franchit le mur, se retrouva dans le jardin et fut ébloui à
la vue de l'oiselle de feu dans sa cage d'or.
Déjà, il
la sortait de sa cage quand il songea : « Prendre l'oiselle de
feu sans la cage, et où la mettrai-je ? », et il tendit
la main vers la cage.
Il ne l'eut pas plutôt touchée
qu'un vacarme assourdissant emplit le jardin : de cette cage, en
effet, partaient de tous côtés des cordes tendues.
Sur
le champ, les gardes accoururent, s'emparèrent
d'Ivan-tsariévitch qui n'avait pas lâché
l'oiselle, et le menèrent dare-dare à leur tsar qui se
nommait Dalmate. En proie au courroux, le tsar se mit à crier
:
— N'as-tu pas
honte de voler ? Et d'abord, qui es-tu, de quel royaume, de quel père
et quel est ton nom ?
Le jeune homme
fit cette réponse :
— Je suis le
fils du tsar Vyslav et l'on m'appelle Ivan-tsariévitch. Nuit
après nuit, ton oiselle de feu est venue dans notre jardin
arracher des pommes d'or ; elle a presque entièrement détruit
le jardin préféré de mon père. C'est pour
cela qu'il m'a envoyé la chercher et la lui rapporter !
— Voyons,
jeune Ivan-tsariévitch, est-il bien d'agir comme tu l'as fait
? Si tu étais venu me trouver, je t'aurais volontiers donné
l'oiselle de feu. Veux-tu donc que je proclame par tous les pays, par
tous les royaumes, que tu n'es qu'un misérable voleur ? Mais,
écoute ! Rends-moi le service suivant et je te pardonnerai ta
faute et te ferai don de l'oiselle de feu : va par-delà trois
fois neuf pays, dans le trois fois dixième royaume, et obtiens
du tsar Afrone le cheval à la crinière d'or ! Si tu n'y
parviens pas, je ferai savoir par tous les pays, par tous les
royaumes, que tu n'es qu'un misérable voleur !
Ivan-tsariévitch
quitta le tsar Dolmate après lui avoir promis de lui ramer le
cheval à la crinière d'or.
Grandement
affligé, il revint vers le loup gris à qui il conta
tout ce qui s'était passé.
— Hélas,
jeune Ivan-tsariévitch ! Dit le loup gris, qu'as-tu été
me désobéir et prendre la cage d'or ?
— Pardonne-moi !
— Fort bien ! Allons monte sur mon dos et je te conduirai où il faut !
— Pardonne-moi !
— Fort bien ! Allons monte sur mon dos et je te conduirai où il faut !
À
peine Ivan-tsariévitch fut-il monté sur son dos, que le
loup gris s'élançait comme une flèche et, au
bout d'un temps plus ou moins long, il parvint en pleine nuit dans
l'État du tsar Afrone. Il s'arrêta devant l'écurie
royale bâtie de pierre blanche et dit à son cavalier :
— À
cette heure-ci, tous les palefreniers dorment, si tu peux donc entrer
et t'emparer du cheval à la crinière d'or ! Mais prends
garde : au mur est suspendue une bride en or. Surtout, n'y touche
pas, sinon tu es perdu !
Ivan-tsariévitch
entra dans l'écurie royale, prit le cheval et il allait partir
lorsqu'il vit, accrochée au mur, la bride d'or. Elle lui plut
tellement qu'il l'a décrocha. Dans l'instant, un vacarme
assourdissant retentit alentour, car de cette bride partaient de tous
côtés des cordes tendues. Les palefreniers furent
aussitôt debout, ils se saisirent d'Ivan-tsariévitch et
le conduisirent au tsar Afrone.
Le tsar Afrone dit :
Le tsar Afrone dit :
— Eh bien,
jeune homme ! Dis moi de quel État tu es, de quel père,et
que es ton nom ?
— Je suis le
fils du tsar Vyslav et l'on m'appelle Ivan-tsariévitch !
— Et alors,
jeune Ivan-tsariévitch, ce que tu viens de faire est-il digne
d'un chevalier ? Si tu étais venu me voir, je ne t'aurais pas
refusé le cheval à la crinière d'or. Veux-tu
donc que je déclare à travers tous les pays,que tu t'es
conduit en malfaiteur ? Mais, écoute Ivan-tsariévitch !
Si tu me rends un service, si tu vas par-delà trois fois neuf
pays, dans le trois fois dixième royaume, et que tu m'obtiens
la reine Hélène la Belle que j'aime depuis longtemps
mais que je n'ai pas réussi à épouser jusqu'ici,
alors je te pardonnerai ta faute et je te ferai cadeau du cheval à
la crinière d'or avec la bride d'or. Mais si tu n'y parviens
pas, je ferai savoir à travers tous les pays que tu t'es
conduit en malfaiteur !
Alors
Ivan-tsariévitch promit au tsar Afrone de lui obtenir la reine
Hélène la Belle et il sortit du palais en versant des
larmes amères.
Il revint
vers le loup gris à qui il raconta tout.
— Voyons,
jeune Ivan-tsariévitch ! Dit le loup gris. Que ne m'as-tu
obéi, qu'es-tu allé prendre la bride d'or ?
— Pardonne-moi
!
— Allons,
qu'il en soit ainsi, continua le loup gris. Monte sur mon dos, et je
conduirai où il faut aller !
Ivan-tsariévitch
monta. Le loup se mit à courir aussi vite qu'une flèche
et fut bientôt dans le royaume de la reine Hélène
la Belle.
Parvenue à la grille d'or qui entourait un jardin merveilleux, le loup dit au vaillant gaillard :
Parvenue à la grille d'or qui entourait un jardin merveilleux, le loup dit au vaillant gaillard :
— À
présent, descends et reprends la route par laquelle nous
sommes venus. Tu m'attendras sous le chêne qui verdoie au
milieu de la plaine !
Ivan-tsariévitch
obéit. Quand au loup gris, il se tapit prés de la
grille d'or et se mit à guetter le passage de la reine Hélène
la Belle. Vers le soir, comme le soleil déclinait à
l'horizon et que la chaleur du jour était tombée, la
reine Hélène la Belle gagna le jardin pour s'y reposer
avec ses servantes et ses dames de la cour. Elle entre dans le jardin
et s'approche de l'endroit où le loup était tapi.
Soudain, le loup fait un bond par-dessus la grille, s'empare de la
reine, refranchit la grille d'un autre bond et s'enfuit aussi vite
qu'il le peut. Revenu au chêne où l'attendait
Ivan-tsariévitch, il dit à celui-ci :
— Monte vite !
Le jeune homme
obéit et le loup gris les emporta tous deux vers le royaume du
tsar Afrone. Les servantes et toutes les dames de la cour, qui se
promenaient dans le jardin avec la reine, coururent aussi vite
qu'elles purent jusqu'au palais et dépêchèrent
des cavaliers à la poursuite du loup gris. Mais ceux-ci eurent
beau faire, ils ne purent le rattraper et durent revenir sur leurs
pas.
Monté
sur le loup gris auprès d'Hélène la Belle,
Ivan-tsariévitch se mit à
aimer celle-ci de toute son âme et elle en fit autant de son
côté. Aussi, quand le loup gris eut regagné le
royaume du tsar Afrone et qu'Ivan-tsariévitch dut conduire la
belle reine au tsar, il en fut si chagriné qu'il ne put
retenir ses larmes.
Le loup gris le questionna :
— Pourquoi pleures-tu, Ivan-tsariévitch ?
Le loup gris le questionna :
— Pourquoi pleures-tu, Ivan-tsariévitch ?
Alors le jeune homme lui parla ainsi :
— C'est qu'il
y a bien de quoi, loup gris, mon ami ! J'aime de toute mon âme
la reine Hélène la Belle ; or je dois la donner au tsar
Afrone contre le cheval à crinière d'or. Sinon, je me
verrai déshonoré à travers tous les pays !
— Je t'ai
déjà beaucoup servi, Ivan-tsariévitch, dit le
loup gris, mais allons, je vois qu'il faut encore que je te serve !
Écoute, je vais me transformer en Hélène le
Belle, tu me conduiras au tsar Afrone et prendras en échange
de moi le cheval à la crinière d'or. Quand tu seras
monté sur le cheval et parti déjà très
loin, je demanderai au tsar la permission d'aller me promener dans la
vaste plaine. Et lorsqu'il me l'aura donnée et que je m'y
serai rendu avec les servantes et toutes les dames de la cour, alors
il ,suffira que tu te souviennes de moi pour qu'aussitôt
j'apparaisse à tes côtés !
Le loup gris
frappa la terre humide, se transforma à s'y méprendre
en la reine Hélène la Belle. Ivan-tsariévitch le
conduisit au tsar Afrone, après avoir demandé à
la vraie reine de l'attendre hors de la ville. À la vue du
jeune homme accompagné d'Hélène la Belle, le
tsar se réjouit grandement. Il accueillit la fausse reine et
donna à Ivan-tsariévitch le cheval à la crinière
d'or.
Monté sur le cheval, le vaillant gaillard ressortit de la ville, prit en croupe Hélène la Belle et partit en direction du royaume du tsar Dalmate. Le loup gris demeura auprès du tsar Afrone un jour, un autre et un troisième, en qualité de reine Hélène la Belle. Le quatrième jour, il pria le tsar Afrone de le laisser se promener dans la vaste plaine pour dissiper son chagrin amer.
Monté sur le cheval, le vaillant gaillard ressortit de la ville, prit en croupe Hélène la Belle et partit en direction du royaume du tsar Dalmate. Le loup gris demeura auprès du tsar Afrone un jour, un autre et un troisième, en qualité de reine Hélène la Belle. Le quatrième jour, il pria le tsar Afrone de le laisser se promener dans la vaste plaine pour dissiper son chagrin amer.
— Oh, ma
chère reine Hélène la Belle ! Il n'est rien que
je ne fasse pour toi, va donc te promener dans la vaste plaine !
Et, sur le
champ, il commanda à toutes les servantes et dames de la cour
de l'accompagner.
Entre temps,
Ivan-tsariévitch galopait avec Hélène la Belle,
devisant agréablement avec elle, et il semblait avoir
complètement oublié le loup gris. Tout à coup il
se souvint : « Mais où donc est mon loup gris ? »
Brusquement, on ne sait d'où, le loup gris surgit et dit :
Brusquement, on ne sait d'où, le loup gris surgit et dit :
— Monte sur
mon dos, Ivan-tsariévitch, et laisse le cheval à Hélène
la Belle !
Ainsi
firent-ils et ils gagnèrent le royaume du tsar Dalmate. Peu
avant d'arriver, Ivan-tsariévitch pria le loup gris en ces
termes :
— Écoute,
loup gris, mon cher ami ! Tu m'as rendu déjà beaucoup
de services, rends-m'en encore un, le dernier : ne peux-tu te
transformer en cheval à la crinière d'or et prendre sa
place, car je ne voudrais pas m'en séparer ?
Le loup gris frappa la terre humide et devint cheval à la crinière d'or. Ivan-tsariévitch, laissant Hélène la Belle dans la verte prairie, l'enfourcha et pénétra dans le palais du tsar Dalmate. À la vue du jeune homme monté sur le cheval à la crinière d'or, le tsar Dalmate de réjouit grandement, il vint accueillir le tsariévitch dans la cour d'honneur, l'embrassa sur ses lèvres de miel, le prit par la main droite et l'introduisit dans son palais de pierre blanche. Pour fêter son invité, il donna un grand festin et l'on prit place à la table de chêne, couverte d'une nappe brodée. On but, on mangea, on s'amusa deux jours entiers et, le troisième, le tsar Dalmate remit à Ivan-tsariévitch l'oiselle de feu dans sa cage d'or. Le tsariévitch prit l'oiselle, quitta la ville,remonta sur le cheval à la crinière d'or aux cotés de la reine et tous deux s'en furent.
Le lendemain, le tsar voulut faire galoper son cheval à travers la vaste plaine. Il le fit seller, l'enfourcha et partit. À peine le cheval fut-il lancé au galop qu'il désarçonna le tsar Dalmate et, redevenu loup gris, il fonça et rejoignit Ivan-tsariévitch.
— Monte sur
mon dos, Ivan-tsariévitch, dit-il, et laisse à Hélène
la Belle le cheval à la crinière d'or !
Il
chevauchèrent et atteignirent l'endroit où le loup
avait dévoré le premier cheval d'Ivan-tsariévitch.
Une fois là, le loup gris se mit à parler ainsi :
— Eh bien
voilà, Ivan-tsariévitch, je t'ai servi en toute loyauté
et fidélité. Nous voici rendus au lieu même où
j'avais dévoré ton cheval. Descends de mon dos, tu as à
présent un cheval à la crinière d'or qui te
conduira où bon te semble. Désormais, nos chemins se
séparent !
Sur ces
paroles, le loup gris s'en fut. Ivan-tsariévitch pleura
amèrement puis il reprit la route en compagnie de la belle
reine.
Le temps
passa-t-il vite ou non, toujours est-ils qu'ils n'étaient plus
qu'à cinq lieues du royaume du tsar Vyslav. Descendant de
cheval, le tsarièvitch et la reine s'allongèrent à
l'ombre d'un chêne pour attendre la fraîcheur du soir.
Ils avaient attaché à l'arbre le cheval à la
crinière d'or et posé à côté d'eux
la cage avec l'oiselle de feu. Couchés dans l'herbe tendre et
tenant de doux propos, ils s'endormirent profondément.
Le
lendemain, Ivan-tsariévitch et Hélène la Belle,
chevauchant tous deux le cheval à la crinière d'or et
portant l'oiselle de feu dans sa cage d'or, entrèrent dans le
palais du tsar Vyslav.
À la vue d'Ivan-tsariévitch et de la reine Hélène la Belle, le tsar Dalmate se réjouit grandement, il vint les accueillir dans la cour d'honneur entouré des servantes et des dames de la cour. Pour fêter le retour d'Ivan-tsariévitch, il donna un grand festin.
On but, on
mangea, on s'amusa. Quelques jours plus tard, on célébra
en grande pompe le mariage d'Ivan-tsariévitch et de la reine
Hélène la Belle et ils vécurent tous deux sans
tracas, ni peines, gardant cœur en joie et maison plein, dans
l'amour le plus parfait.
À la vue d'Ivan-tsariévitch et de la reine Hélène la Belle, le tsar Dalmate se réjouit grandement, il vint les accueillir dans la cour d'honneur entouré des servantes et des dames de la cour. Pour fêter le retour d'Ivan-tsariévitch, il donna un grand festin.
Illustration de BILIBINE
Ce conte a été illustré par Pierre Ivanovitch BAGUIN (1975)
Ivan Iakovlévitch BILIBINE
Illustrateur
(1876-1942)
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