Lutte contre le trotskisme :
pages d'histoire

Sergueï Dmitriev — Vsévolod Ivanov
 
Éditions de l'Agence de presse Novosti — Moscou 1974

INTRODUCTION

Notre époque est caractérisée, entre autres, par une lutte idéologique intensifiée entre les forces de l'ancien monde, capitaliste, et celles du monde nouveau, socialiste. Dans cette lutte, c'est essentiellement contre le marxisme-léninisme, doctrine qu'ils cherchent à dénaturer et à discréditer, que les idéologues de l'impérialisme dirigent leurs attaques. Un rôle important y est attribué à toutes sortes de conceptions révisionnistes et opportunistes dont les propagateurs, bien que se faisant passer pour partisans du marxisme et du socialisme, n'en aident pas moins avec zèle la propagande impérialiste à déconsidérer et à salir l'idéologie prolétarienne.(1)

Dans les citadelles du capitalisme les tendances de gauche gagnant des couches sociales toujours plus larges, la bourgeoisie ressent la nécessité impérieuse de disposer d'un courant idéologique capable de parasiter ces tendances à la manière du réformisme opportuniste de droite qui, lui, avait parasité le regain d'activité du mouvement ouvrier, à la fin du XIXe au début du XXe siècle. La bourgeoisie, qui, par le passé, soutenait et implantait les formes extrêmes de l'opportunisme de gauche dont le trotskisme est la manifestation la plus typique. Dans les pays capitalistes, les publications trotskistes paraissent à des millions d'exemplaires. Elles font partie des listes d'ouvrages recommandés aux étudiants. Les auteurs qui propagent le trotskisme sont volontiers publiés et grassement payés ; leurs œuvres bénéficient d'une solide publicité dans la presse, à la radio et à la télévision.(2)

On entretien et on gonfle de toutes les manières la légende de l' « idéalisme révolutionnaire » de Trotski, on exalte sa personnalité « héroïque ». Plaçant Trotski au même rang que des penseurs et révolutionnaires aussi remarquable que Marx et Lénine, la propagande bourgeoise lui attribue des actions qu'il n'a jamais accomplies.

La bourgeoisie mise sur le trotskisme en lequel elle voit une tendance susceptible de «rassembler» tous les groupes opportunistes de gauche. Dans l'espoir de tirer profit de la protection que la bourgeoisie accorde à ce mouvement, les anarchistes et autres gauchistes capitulent (ce qui est monnaie courante) et adoptent les positions trotskistes(3).

L'opportunisme de gauche a toujours été au nombre des ennemis les plus dangereux du mouvement révolutionnaire. Marx, Engels, Lénine et leurs compagnons d'armes menèrent contre lui un combat implacable. De nos jours où, à l'instar des anarchistes, des trotskistes et d'autres pseudo-révolutionnaires(4), les maoïstes ont, eux aussi, adopté des positions opportunistes de gauche, le danger de l'opportunisme « déguisé » s'est considérablement accru.

L'opportunisme de gauche est le produit typique de l'esprit révolutionnaire petit-bourgeois.(4)

Quand la petite-bourgeoisie a des positions révolutionnaires conséquentes, sa propre expérience lui fait constater la nécessité d'une alliance prolétarienne. Et l'esprit révolutionnaire petit-bourgeois rejoint alors l'esprit révolutionnaire prolétarien.

Il en va autrement quand, en fonction des circonstances historiques, la, petite bourgeoisie ou certains de ses détachements penchent, dans la lutte révolutionnaire, pour la bourgeoisie, refusent la direction de la classe ouvrière et de son avant-garde révolutionnaire. L'esprit révolutionnaire petit-bourgeois se met alors inévitablement en travers du chemin que suit le mouvement révolutionnaire.(5)

L'opportunisme de gauche et l'opportunisme de droite non camouflé sont l'avers et l'envers d'une même médaille. Les opportunistes de droite affaiblissent le mouvement révolutionnaire parce qu'ils refusent de combattre la bourgeoisie et cherchent à s'entendre avec elle. Ceux de gauche, qui condamnent publiquement tout accord avec la bourgeoisie, affaiblissent en fait, eus aussi, ce mouvement, en entraînant certains de ses détachements dans des aventures désastreuses. L'opportunisme de droite et l'opportunisme de gauche ont un même fondement idéologique, qui est le manque de confiance dans les forces révolutionnaire de la classe ouvrière et des partis marxistes-léninistes, dans son avant-garde.

La communauté des positions de départ et de la nature sociale de l'opportunisme de gauche et de l'opportunisme de droite conduit inévitablement ces deux tendances à s'interpénétrer. Les opportunistes de droite soutiennent ceux de gauche, leur empruntent des idées et des conceptions ; les opportunistes de gauche eux, révisent leur opinions selon les objectifs théoriques et politiques les plus récents des opportunistes avoués. Et, en outre, l'opportunisme de gauche se transforme le plus souvent en opportunisme de droite. Cela témoigne, une fois de plus, du caractère intermédiaire de l'opportunisme de gauche, qui passe de l'esprit ultra-révolutionnaire à l'esprit de conciliation opportuniste avec la bourgeoisie, puis à un esprit nettement contre-révolutionnaire.

L'unité de l'opportunisme de gauche et de l'opportunisme de droite se manifeste le plus nettement dans le trotskisme. Par son origine, le trotskisme est une manifestation typique de l'esprit révolutionnaire petit-bourgeois réactionnaire qui minimise le rôle historique de la classe ouvrière, de son parti et de son idéologie. D'autre part, les constructions théoriques du trotskisme comprennent aussi des conceptions droitières. Celles-ci sont propagées en priorité par les idéologues bourgeois, qui ont depuis longtemps appris à reconnaître sous le masque gauchiste du trotskisme son visage véritable qui est l'opportunisme.

Notes personnelles
(1) Daniel Bensaïd — 25-03-1946/10-01-2010 — est un philosophe et théoricien du trotskisme en France. Il fut un dirigeant historique de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) et de la Quatrième Internationale.
(2) Internet — Revue Contretemps — Daniel Bensaïd initiateur du site, nombreuses publications.
(3) Aujourd'hui, nous les appelons les bo-bos.
(4)(5) Conséquences pour les élections 2017


DERNIER CHAPITRE

À l'étranger, Trotski déploya aussitôt une activité intense pour rassembler en une organisation internationale les groupements opportunistes isolés. À partir de juillet 1929, il édita, à Paris, la revue Bulletin de l'opposition. Pour déguiser la véritable nature de cette publication, Trotski la nomma organe des « bolchéviks léninistes ». Mais rien ne pouvait masquer la tendance antiléniniste de la revue. Par ailleurs ce n'était nullement l'organe d'un parti ou d'une organisation internationale quelconque, c'était une entreprise individuelle de trotski, qui rédigeait et revoyait lui-même tous les articles.

Voici comment Trotski définissait l'objectif du bulletin. « L'opposition, disait-il, représente une fraction internationale et ne saurait exister que comme telle ». C'est ainsi qu'en dépit de leur défaite définitive sur le terrain idéologique et politique, les trotskistes s'acharnèrent à assurer qu'ils représentaient une « fraction internationale » qui, selon eux, était l'unique mandataire de la « filiation historique du bolchévisme ». Les trotskistes expliquaient leur petit nombre par le fait que « l'opposition, c'est la quintessence de l'expérience révolutionnaire du prolétariat ; c'est le levain de l'avenir révolutionnaire ».

Ayant irrémédiablement perdu la bataille pour son influence dans les rangs du P.C. De l'U.R.S.S., Trotski chercha à se mettre à la tête du mouvement communiste et ouvrier mondial. À ces fins, il tenta de miner de l'intérieur l'International communiste, organisation révolutionnaire internationale créée par Lénine et jouissant du plus grand prestige, et ses sections : les partis communistes marxistes-léninistes. Avec l'aide de ses partisans établis dans d'autres pays (beaucoup d'entre eux avaient déjà été exclus de leur parti pour cause d'activité fractionnelle), Trotski voulait rassembler sous la bannière antiléniniste une jeunesse inexpérimentée et manquant de maturité politique, et la partie la plus arriérée du prolétariat.

En 1930, une poignée de trotskistes, réunis à Paris, se déclara « opposition internationale de gauche ».

Au moment où les partis communistes de tous les pays dirigés par l'Internatinale communiste, déployaient la lutte pour créer un front antifascite commun, pour sauvegarder les libertés démocratiques, Trotski et ses partisans proposèrent un programme qui, en fait, faisait le jeu du fascisme. Rejetant le mot d'ordre de front unique, ils accusèrent les partis communistes et l'Internationale communiste d'« aspirera la coalition avec la bourgeoisie », de « bercer les masses d'illusions pacifistes ».

La lutte pour la République, contre le fascisme, menée par les travailleurs espagnoles sous la direction du parti communiste, montra avec évidence que le trotskisme était devenu la « cinquième colonne » de la réaction mondiale. Prenant position contre le Front populaire, les trotskistes espagnols tentèrent de persuader les masses qu'ils étaient les seuls à pouvoir transformer la lutte en une « véritable » révolution prolétarienne.

Cherchant à ruiner le Front populaire, ils semèrent la confusion, la désorganisation et la panique pendant toute la guerre civile en Espagne ; ils violèrent la discipline, se livrèrent à des actes de provocation et à l'espionnage en faveur des rebelles fascistes, incitèrent à des prise d'armes contre la République.

Au moment où l'humanité se trouvait au seuil de la Seconde Guerre mondiale, Trotski entreprit de réunir tous les renégats trotskistes pour constituer un bloc international. C'est dans ce but qu'une conférence à laquelle prirent part 22 trotskistes se réunit à Paris, en 1938. Cette conférence créa la soi-disant « IVe Internationale » et son organe de presse, revue du même nom. Son programme : « L'agonie du capitalisme et les tâches de la IVe internationale » fut rédigé par Trotski. La trop célèbre théorie de la « révolution permanente » était la base idéologique de cette nouvelle association d'opportunistes.

La Seconde Guerre mondiale avait commencé, mais les trotskistes restaient sue des positions faisant objectivement le jeu du fascisme. Le manifeste adopté par la « IVe Internationale » disait qu'elle (c'est à dire la « IVe Internationale », internationale troskistes) rejetait les appels exhortant à aider les pays démocratiques dans leur lutte contre le fascisme. Après l'attaque de l'Union Soviétique par l'Allemagne nazie, les trotskistes déclarèrent que la guerre restait une guerre impérialiste ; ils prétendaient que la notion de « lutte antifasciste » était un « leurre », une « invention ». Ils prirent position contre la coalition hitlérienne, la qualifiant d'« acte étranger aux intérêts de la révolution russe et mondiale » ( manifeste de 1943 ). Ils assuraient que l'ouverture d'un second front retarderait la lutte révolutionnaire en Europe. Les trotskiste appelaient à renoncer à participer à la Résistance et demandaient la mise sur pied « d'une organisation indépendante du prolétariat combattant ».

Ces prise de position et actes des trotskistes pendant la guerre ne servirent qu'à les compromettre encore davantage. À cette occasion, on parla, au sein même de la direction de la « IVe Internationale », de « crise du trotskisme ». À la suite de longue discussions internes, la «IVe Internationale » se scinda en plusieurs groupes hostiles.

Tout comme le trotskisme d'avant-guerre, le trotskisme contemporain est un méli-mélo de petits groupes mal organisés.

L'évolution des évènements historiques dégagea d'une manière très concrète que les pronostics trotskistes sur les perspectives du mouvement révolutionnaire international étaient absolument sans fondement. Le mouvement révolutionnaire mondial confirma une nouvelle fois la justesse de la théorie léniniste de la révolution socialiste et de la thèse de la possibilité de bâtir le socialisme dans un seul pays qui en est partie intégrante.

C'est en vain que les leaders trotskistes prescrivent à leur organisations de « donner des réponses positives à toutes les questions des temps modernes ». Le fait est que les trotskistes ne possèdent et n'ont jamais possédé de programme positif. Toutes les conceptions qu'ils avancent poursuivent un seul objectif, celui de calomnier le monde socialiste, de dénaturer la stratégie et la tactique du mouvement communiste mondial, d'éveiller la méfiance des travailleurs des pays capitalistes et des peuples qui mènent la lutte pour leur libération, envers le système socialiste mondial et le marxisme créateur.

La nature du trotskisme moderne se manifeste aussi dans les tentatives de la « IVe Internationale » pour discréditer le mot d'ordre d'un front antimonopoliste. À leur avis, ce slogan aurait pour but d'affaiblir la lutte de classe « en faveur de la coopération de classe ». Pour diviser le front antimonopoliste, et de ce fait, réduire les objectifs du prolétariat, les trotskistes modernes se prononcent contre la lutte pour la démocratie en tant que partie intégrante de la lutte pour le socialisme.

Les groupes trotskistes voient leur raison d'être dans l'activité scissionniste et subversive qu'ils mènent dans le mouvement communiste et ouvrier mondial. Leur moyen principal dans ce domaine est la tactique de l'entrisme élaborée par Trotski, tactique qui consiste à pénétrer dans différents partis et organisation de masse, — (les syndicats ouvriers par exemple) — à faire mine de partager leurs buts pour pouvoir détruire ces organisations de l'intérieur.

Les trotskistes modernes s'attaquent avec particulièrement de haine aux partis communistes et ouvriers des pays socialistes et, avant tout, au P.C.U.S. — (sans oublier Cuba). Contre toute évidence, ils prétendent que le socialisme n'a pas pu remporter une victoire totale dans ces pays et que cette victoire ne sera remportée qu'après la « révolte mondiale ».

Niant que les pays où la classe ouvrière est au pouvoir soient des pays socialistes,—(Cuba)— les trotskistes assurent, ainsi que Trotski le faisait en son temps, que ces pays connaissaient un processus de « déformation », de « bureaucratie » et que leur expérience d'édification socialiste ne saurait être utilisée par d'autres peuples.

Montrant la nature véritable de toutes les idées et de tous ,les jugements extrémistes, montant leur caractère pseudo-révolutionnaire, les partis communistes dévoilent au grand jour les dessous du tapage publicitaire organisé par la presse bourgeoise autour du trotskisme et expliquent la raison pour laquelle tant d'énergie et de ressources sont employées pour les nouvelles et continuelles tentatives de ranimer le trotskisme. Étant donné le grand nombre de publications trotskistes qui paraissent à de forts tirages en Occident, —(Certaines publications sur internet)— tombant souvent entre les mains de lecteurs non formés politiquement, les partis communistes s'attachent avec raison à mettre en lumière l'expérience historique accumulée dans la lutte contre la théorie et la pratique du trotskisme, expérience qui garde, aujourd'hui, toute sa valeur.

Les leçons tirées de la lutte contre le trotskisme font depuis longtemps partie intégrante de la très riche expérience accumulée par le prolétariat révolutionnaire dans les combats qu'il livre contre toutes les formes d'opportunisme. Elles permettent à tous les vrais révolutionnaires de repérer, sous les belles paroles pseudo-révolutionnaires, les actes qui sont contraires à la cause de la révolution.

Ces leçons nous forcent à la méfiance envers toutes les manifestations de gauchisme ultra-«révolutionnaire» , car elles sont souvent très proches d'un opportunisme déclaré et expriment le manque de confiance dans les forces révolutionnaires du mouvement prolétarien, ce qui caractérise les dormes avouées de l'opportunisme. — ( Certaines manifestations durant les campagnes des élections de 2017).

L'expérience historique de la lutte contre le trotskisme prouve que seul le marxisme-léninisme créateur peut être un guide pour l'action des révolutionnaires authentiques. Toutes les tentatives ouvertes ou déguisées pour le rabaisser, s'en éloigner, le réviser ou le dénaturer sur le plan idéologique, ainsi que le refus de tenir compte de la réalité objective qui apporte des corrections à la théorie révolutionnaire mènent inévitablement à la rupture avec la révolution, à la trahison de la cause révolutionnaire.

Dans leur lutte contre le trotskisme, les partis marxiste-léninistes se sont toujours appuyés sur la classe ouvrière et les larges masses populaires. C'est une leçon très importante qui reste valable à notre époque.

Les leçons tirées de l'histoire de la lutte du parti léniniste contre le trotskisme aident toujours les révolutionnaires à écraser l'opportunisme, à resserrer l'union entre les révolutionnaires de tous les pays.

Je ne publie que l'introduction et le dernier chapitre — l'ouvrage faisant plus de cent pages.
Je conseille à tous d'essayer de le trouver et — naturellement — de le lire et d'en débattre.

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